2008/07/28 - STATUT DE LA POSTE

Publié le par webmaster

Extrait du courrier que j'ai adressé le 28 juillet 2008 à Mr François FILLON, Premier Ministre, contre le changement de statut du groupe La Poste :

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Monsieur le Premier Ministre,

J’apprends avec beaucoup d’étonnement, au coeur de la période estivale, qu’un changement de statut de La Poste est envisagé dès 2009. L’entreprise publique serait privatisée. Elle deviendrait une société anonyme de droit privé. Une telle décision serait lourde de conséquences et provoquerait, n’en doutez pas, une vive émotion dans l’opinion publique et chez les élus locaux.

En effet, la privatisation de La Poste remettrait en cause, à terme, le service universel du courrier, auquel les Français sont légitimement attachés. Elle aggraverait encore la pression déjà forte sur les conditions de travail du personnel, qui se sont dégradées ces dernières années. Elle compromettrait le financement du transport de la presse qui, d’ailleurs, ne donne satisfaction ni aux clients ni aux éditeurs de journaux. Elle constituerait, enfin, une rupture brutale et unilatérale du contrat qui lie La Poste aux maires, au moment où beaucoup d’entre eux viennent, par la mise en place d’agences postales communales, d’accepter à contrecœur de se substituer à l’opérateur public défaillant.

Sachez, Monsieur le Premier Ministre, que tous les engagements que vous pourriez prendre sur le maintien du service public postal de proximité se heurteraient au plus profond scepticisme. L’exemple de France Telecom est là pour montrer qu’il est illusoire de vouloir faire coexister actionnariat privé et service public.

J’observe, en outre, que cette annonce s’inscrit dans une série de mesures qui portent gravement atteinte à l’égalité d’accès des citoyens au service public. Citons, entre autres, la carte judiciaire et le plan de réorganisation des forces armées qui, tous deux décidés dans le secret des cabinets ministériels, ont provoqué la colère des élus, puisqu’ils se traduiront par un éloignement du service public et une perte sèche pour l’économie locale et l’emploi.

Or, s’agissant de la présence postale dans chaque commune, auprès de chaque foyer, l’impact d’une destruction du service public postal serait d’une autre nature, tant La Poste est emblématique d’une certaine idée de la France. Y toucher, sans précaution, serait ressenti comme une provocation.

C’est pourquoi, Monsieur le Premier Ministre, je vous demande instamment d’annoncer que le gouvernement n’est en rien lié par cette annonce intempestive d’un changement de statut de l’entreprise publique.

La Poste mérite mieux qu’une décision à la sauvette. Elle mérite un débat national devant le Parlement, comme nous l’avons fait en 1990.
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